Technique spécifique de la sûreté de fonctionnement, l’Analyse des Modes de Défaillances, de leurs Effets et de leur Criticité est avant tout une méthode d’analyse de systèmes (composés d’éléments fonctionnels ou physiques : matériels, logiciels, humains…) ayant pour vocation d’optimiser le fonctionnement d’un système ou d’un processus, de minimiser les risques liés au fonctionnement et de bâtir un plan de progrès sur la base de la criticité des défaillances redoutées.

L’AMDEC a été employée pour la première fois à partir des années 1960 dans le domaine de l’aéronautique pour l’analyse de la sécurité des avions. Cette méthode s’est longtemps limitée à l’utilisation dans le cadre d’études de fiabilité sur du matériel. Bien qu’ayant subi de nombreuses critiques dues au coût et à la lourdeur de son application, elle reste néanmoins une des méthodes les plus répandues et l’une des plus efficaces. Aujourd’hui elle s’est répandue à de nombreux domaines tel que la sécurité, la maintenance et les services. De dimension internationale, cette méthode est aujourd’hui utilisée dans toutes les industries à risque, comme le nucléaire, le spatial et la chimie, dans le but de faire des analyses préventives de la sûreté de fonctionnement. Dans le ferroviaire, la méthode a été expérimentée sur le logiciel critique dans le cadre des projets SACEM de la RATP. Une adaptation de cette méthode a donné naissance à la méthode AEEL (Analyse des Effets des Erreurs du Logiciel) qui ressemble beaucoup à l’AMDEC. Dans le domaine de l’agroalimentaire, il existe la méthode HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point) qui relève du même esprit.

A – Il existe différentes analyses AMDEC :

– AMDEC Produit-Projet :
Elle est centrée sur l’amélioration du produit au stade de la conception

– AMDEC Produit-Process :
Elle se concentre sur une meilleure efficacité du processus de fabrication du produit

– AMDEC Moyen-Machine :
Elle se focalise sur le moyen de production permettant une productivité optimale en évitant les pannes ou les défauts du produit.

B – L’AMDEC comprend deux principes fondamentaux de mise en oeuvre :

– L’identification des causes des défaillances :

On peut identifier les causes de défaillance grâce au diagramme cause effet. Ce diagramme permet de recueillir méthodiquement les données et de les analyser afin de découvrir les causes premières du problème. Pour cela, cette méthode classe les causes type (par exemple : cause humaine, méthode…).
On peut détecter les défaillances par l’intermédiaire de contrôles, mesures, calculs, et grâce à la formation du personnel.

– La cotation des défaillances :

A partir de la grille d’évaluation retenue on note la défaillance selon 3 dimensions :

  • F : la Fréquence (probabilité qu’un défaut se réalise pour une cause donnée)
  • G : la Gravité (on cote la gravité des effets du défaut pour l’utilisateur aval et final)
  • D : la Détection (capacité à détecter une anomalie avant le passage à une étape ultérieure)

 

A partir de ces cotations, on peut évaluer le Niveau de Priorité de Risque (NPR) qui correspond à :

NPR=FxGxD

Les défaillances ayant un indice NPR élevé (supérieur au seuil de criticité) feront l’objet d’un plan d’actions correctives.

C – Le déroulement de la méthode AMDEC s’appuie sur 6 étapes bien précises qu’il est indispensable de respecter.

1 – Phase préparatoire
L’entreprise doit se fixer des règles sur la nécessité de recourir à l’AMDEC et sur quelle partie du processus. En effet l’AMDEC est un outil qui demande des compétences et du temps. Il ne s’agit pas de perdre du temps inutilement si cela n’est pas nécessaire ou au contraire ne rien analyser alors que les risques sont grands.
L’équipe doit être constituée de personnes d’horizon varié afin que chacun apporte son expérience et sa vision du système.
L’équipe doit ensuite délimiter les contours du sujet, en dégager les objectifs et effectuer une analyse de la valeur. Puis le groupe devra mettre en place une grille visant à évaluer les risques potentiels.

2 – Analyse fonctionnelle
Après avoir ciblé le sujet d’analyse et les objectifs, le groupe de travail a pour objectif d’identifier toutes les défaillances redoutées qui peuvent relever du système matériel, des méthodes, du personnel, ainsi que du système d’information.

3 – Evaluation des défaillances
Une fois les défaillances identifiées, le groupe de travail mesure la fréquence, la gravité et la détection à partir de la grille d’évaluation retenue. Il est nécessaire d’effectuer une pondération de ces défaillances afin de traiter les problèmes de manière différenciée.

4 – Définition du seuil de criticité (indice NPR)
L’évaluation des défaillances permet de calculer l’indice de priorité des risques. Le groupe doit ensuite définir le seuil à partir duquel on prend en compte les défaillances en vue de mettre en place des actions correctives. Ce seuil est fonction du contexte d’exploitation du système ou du processus.

5 – Recherche des actions correctives
Pour les défaillances ayant un indice supérieur au seuil de criticité, le groupe de travail doit rechercher des actions correctives, qui peuvent passer, par exemple, par la modification du matériel ou des modes opératoires. Pour optimiser l’appropriation des actions, il est, à ce stade, important de faire définir les actions correctives par les acteurs de leur mise en œuvre. Il est également nécessaire que des spécialistes extérieurs au groupe de travail vérifient la faisabilité des actions proposées et évaluent les contraintes tel que les délais ou les coûts engendrés.

6 – Validation
Une fois les actions correctives mises en place, la validation a pour objectif de vérifier l’efficacité des actions par une nouvelle cotation jusqu’à ce qu’elle soit admissible et valider la définition finale des actions correctives.

D – Conclusion :

L’AMDEC peut s’appliquer à tout système ou processus présentant un nombre significatif de défaillances potentielles et dont l’amélioration du fonctionnement procure un gain significatif. Elle est totalement appropriée au secteur industriel, mais peut également être transposée aux entreprises de services.

Cette méthode exige un travail souvent important et fastidieux au stade de sa réalisation. Une des difficultés réside dans son efficience, le respect d’un équilibre entre le coût de l’analyse AMDEC et les gains attendus.

L’AMDEC permet cependant :

  • Une optimisation du système ou du processus (avec souvent des gains de 20% à 40%)
  • De positionner les points de risque et d’évaluer le système en terme de qualité
  • D’obtenir des informations relatives à la sûreté de fonctionnement et des actions à entreprendre
  • Le partage d’expérience entre les entités du groupe de travail

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